Le portrait du dimanche

Bruno Dewaele,
musicien depuis l'enfance,
virtuose de l'orthographe et de la langue

par Christian Taffin
La Voix du Nord
14 avril 2013

Bruno Dewaele fait partie de ces gens très connus, dont on ignore souvent qu’ils ne se résument pas à ce qui les a placés sous les feux de l’actualité. L’Hazebrouckois n’est pas « que » champion du monde d’orthographe. Il est aussi quasiment né avec un accordéon entre les mains et il vient de publier un livre sur cet instrument avec sa fille..

 

Des Hazebrouckois champions du monde, ça ne court pas les rues. Bruno Dewaele l’est dans une matière pour laquelle il faut plus de matière grise que de biceps ou de mollets : l’orthographe. « Ça a été vingt ans de ma vie », confesse-t-il.

Il a remporté le premier concours d’orthographe de Bernard Pivot en 1985. Il a été rappelé en 1992 par le même Pivot pour disputer ce qui a ensuite été appelé championnat du monde, une épreuve organisée dans la grande salle des Nations Unies à New York. Parmi deux cent cinquante candidats représentant cent douze pays, il y a été sacré.

Chroniqueur et « blogueur »

Il n’a plus participé ensuite à ce qu’on a appelé les Dicos d’or, mais il reste auréolé de la gloire de sa victoire à New York. Elle lui a valu d’être appelé en 1995 par notre journal pour tenir une rubrique dominicale du langage dans les dernières pages que nos lecteurs connaissent bien.

Il anime aussi À la fortune du mot, l’un des blogs du site Internet de La Voix du Nord. On oublierait presque de mentionner aussi qu’il a gagné la Dictée des Amériques en 2006 à Québec.

Sur son parcours de compétiteur, Bruno Dewaele confie que « c’est une tranche de vie extraordinaire ». Une bien belle tranche, en effet, qui aura duré de 1985 à 2006 et qui l’aura notamment mobilisé treize heures par jour à certaines périodes.

Dans le même temps, il a continué à exercer son métier, car, chroniqueur et champion, ça ne constitue pas sa profession, ces activités viennent en plus.

Le « dinosaure » du Lycée des Flandres

Cet Hazebrouckois pure souche, qui n’a jamais quitté sa ville, se définit comme « le dinosaure » du Lycée des Flandres. Il y a été élève dans l’ancien collège qui se trouvait à l’îlot Saint-Éloi, puis au lycée actuel, qu’il a retrouvé en tant qu’agrégé de lettres modernes pour y enseigner depuis 1983, après avoir été professeur à Roubaix puis, à partir de 1977, au collège Fernande-Benoist d’Hazebrouck.

Bruno Dewaele est aussi l’un des fondateurs du groupe artistique A.L.P.HA. avec Jacques Messiant, Rosine Devynck et Bernard Verquère en 1983. Il en a été président jusqu’en 2001 ainsi que l’initiateur et l’animateur du concours de nouvelles de l’association.

D’ailleurs, il a « commis » quelques nouvelles lui-même à partir de 1975. « C’est le genre de la concision, il ne doit pas y avoir un mot de trop », explique le professeur à cet égard.

Tombé dans l'accordéon à sa naissance

Et l’accordéon dans tout ça ? Il occupe une tout aussi grande place dans la vie de cet homme dont le père a incarné la grandeur de cet instrument pendant des décennies à Hazebrouck et bien au-delà. Ah son père ! une référence et le fondateur, en 1946, des Amis de l’accordéon à Hazebrouck. Un homme qui voulait changer l’image, certes populaire mais trop réductrice, d’un instrument que beaucoup ne concevaient que voué au « musette ». D’ailleurs, pour accorder un accordéon de manière parfaitement juste, on parle d’un « accord Dewaele ».

Roland Dewaele a voué sa vie à promouvoir l’accordéon comme un instrument aussi classique que les autres. Bruno est tombé dans cette ambiance dès sa naissance. Il a même connu sa gamme avant son alphabet.

Bruno Dewaele a joué dans l’orchestre d’accordéons de son père dès l’âge de huit ans et il y est resté jusqu’en 2001. « Pendant quarante ans, j’ai vécu là-dedans, mais en marge parce que je n’y étais pas complètement investi », semble s’excuser Bruno Dewaele. Quarante ans, quand même !

Rien d’étonnant qu’il ait transmis la passion familiale de la musique à sa fille Fabienne, qui en a fait son métier après avoir obtenu les diplômes les plus élevés, notamment au conservatoire de Paris.

Un livre avec sa fille

Roland Dewaele avait publié aux éditions de La Voix du Nord en 2000 Au nord… c’était l’accordéon ! Bruno y avait collaboré un peu au côté de son père. Il ne pensait pas écrire à son tour un ouvrage sur l’instrument fétiche de la famille. Il s’y est pourtant mis avec sa fille Fabienne pour la collection « Secrets du Nord », toujours aux éditions de La Voix du Nord. Cet opuscule fort plaisant et abondamment illustré de soixante-cinq pages, il le dédicacera bientôt au salon du Livre d’Hazebrouck, les Bouquinales, qui se dérouleront du vendredi 3 au dimanche 5 mai.

Entre ses anciens élèves, ses amis et ses simples lecteurs qui ne manqueront pas de l’interroger, Bruno Dewaele risque d’être fort pris à ces Bouquinales car c’est aussi un homme intarissable dès qu’on le lance sur les passions qui régissent sa vie. On se demande d’ailleurs comment il arrive à en faire entrer autant dans des journées qui ne font que vingt-quatre heures. Interrogez-le donc aux Bouquinales, il vous livrera peut-être son secret…

 

« L'accordéon, le Nord en bandoulière », dans la collection « Secrets du Nord » des Éditions « La Voix », par Fabienne et Bruno Dewaele. Prix : 6,90 €.

 

Retrouvez cet article, avec la photo qui l'accompagne, dans sa présentation originale, tel que La Voix du Nord l'a publié.