Le combat d'un défenseur de la langue française

Le champion du monde d'orthographe
est chti !

propos recueillis par Barbara SIX
Télé Star (édition Nord)
30 mars 2009

Professeur de lettres au Lycée des Flandres à Hazebrouck, Bruno Dewaele est aussi le seul champion du monde d'orthographe (française). Une passion pour notre langue qui l'a conduit à lui dédier un blog et un site internet.

TÉLÉ STAR : Comment êtes-vous devenu champion du monde d'orthographe ?

BRUNO DEWAELE : En travaillant ! Il n'y a pas de secret et je n'ai pas la science infuse ! Il faut lire les dictionnaires treize heures par jour, de A à Z, y compris celui des noms propres ! C'est une compétition comme une autre. Si l'on veut avoir une petite chance d'aller au bout, il faut s'entraîner...

Comment vous est venue l'idée d'y participer ?

B.D. : J'ai toujours eu l'esprit de compétition, mais je n'étais pas taillé pour la course physique. Enseignant, j'ai eu envie de redevenir écolier ! Et de représenter le Nord et Hazebrouck aux championnats de France d'orthographe, que j'ai remportés en 1985. J'ai été ensuite invité par Bernard Pivot à disputer l'unique championnat du monde d'orthographe, en 1992.

Pourquoi l'unique ?

B.D. : Ce concours réunissant cent seize pays dans la grande salle de l'ONU, à New York, a coûté tellement cher qu'il n'y a eu qu'une seule édition !

Et comment s'est passée cette épreuve ?

B.D. : Nous étions deux cent cinquante participants à plancher sur la dictée, puis sur trois tests pour départager les éventuels ex æquo. J'ai eu la chance de faire zéro faute sur toute la ligne !

Ça vous a rapporté ?

B.D. : Sur le plan matériel, rien ! Mais sur le plan professionnel, je suis devenu chroniqueur à La Voix du Nord. Et cela m'a ouvert de nouveaux horizons avec la création d'un blog, d'un site internet... Cela m'a aussi permis de voyager : New York, Québec, Tahiti...

Rien de négatif ?

B.D. : Disons que, maintenant, je suis constamment sur la défensive. Je ne peux plus écrire une carte postale ou une chronique sans l'angoisse d'être pris en défaut. Cela confine au trouble obsessionnel compulsif !

Quel est votre mot préféré ?

B.D. : Au risque de surprendre, je les aime tous. Mais le mot qui m'a le plus marqué, c'est celui qui a failli me faire perdre à l'ONU : ancolie. Je me suis demandé si cette petite fleur prenait un « h » entre le « c » et le « o ». Ce mot a resurgi aux Mondiaux de ski à Val-d'Isère : un passage au bas de la descente de Bellevarde porte ce joli nom !