Souffleurs de vers
Collectif A.L.P.HA., 2008
À quoi bon une préface, le titre dit tout.
Il dit l'envie de jouer sur, avec les mots. Au reste, la poésie ne tient-elle pas là tout entière ?
Il dit la transparence. Ici, pas le moindre strass. Rien qui pèse ou qui pose. Qui, commodément, se cacherait derrière le paravent des savoir-faire. Rien que l'évidence d'une émotion partagée. Ces vers que l'on se borne à nous souffler sont un peu les nôtres. Ils nous ressemblent tellement !
Il dit la fragilité, celle des frontières surtout. Jamais autant que dans ces pages le poète n'avait peint, le plasticien chanté. À y regarder de près, ce fut, depuis toujours, la vocation d'A.L.P.HA. d'abolir les distances, de repousser les cloisons. De faire que, conformément au vœu lointain de Charles Baudelaire, les couleurs et les sons enfin se répondent.
Au dire de certains pourtant, ces verres-là seraient déformants, grossissants ? En un mot, correcteurs ? Qu'importe ! Viendraient-ils même à se briser, au contact d'une réalité de plus en plus desséchante, il nous serait encore donné de rire, à leurs éclats.
Car c'est bel et bien un ver qui, cette fois, a pris place dans ce beau fruit : celui, rien moins que solitaire, de l'inspiration collective. Ce livre, c'est sûr, en appelle d'autres. Il préfigure d'autres anniversaires, d'autres communions. De cette vitalité inentamée, comment ne pas se réjouir, quand bien même, longtemps sur les planches, l'on n'occuperait plus aujourd'hui que le trou d'un souffleur plus modeste ?