Champs ouverts
Titi et Paul Bergèse, 1993
Quand, insidieusement, la langue se sert du mot cliché pour désigner une idée rebattue, dépourvue de toute originalité, elle met, pour le moins, à côté de la plaque. Les vers qui suivent disent assez ce que le père doit à la fille, ce que la vision subjective du poète doit, à l'origine, à l'objectif. C'est qu'ici la photographie est une authentique mise à l'épreuve. Une incitation à voir, mais à voir vraiment, ce que l'homme, « ce géant tout empli de sa gloire », précisément ne regarde plus.
À tort.
Évidemment, pour que le silence du terrain vague se fît musique, « pour que la vie, même fossile, menât au mot », il fallait bien un Paul Bergèse. Avec lui, un endroit familier ne sera jamais un lieu commun. Chez lui tous les murs sont porteurs, chaque pierre est précieuse. La poussière elle-même a des allures de paillettes. Et j'en connais peu qui, comme lui, soient capables de nous inviter à caresser, du regard puis de la main, la nudité d'une cloison, sans qu'à aucun moment nous ayons le désagréable sentiment... d'essuyer les plâtres !
Privilège d'une poésie qui, pour interroger parfois les façades, jamais ne s'arrête aux apparences...