Le livre du jour

LE TEMPS D'APPRENDRE À VIVRE

par Brigitte Niquet
Éditions L'Harmattan
184 p., 16,20 €

André, Maxime, Philippe et les autres... L'héroïne de cette « éducation sentimentale (1963-1978) » n'a visiblement pas lu le précédent et premier ouvrage de Brigitte Niquet, lequel enjoignait, dès son titre, de « n'aimer personne ». Il n'était pourtant pas passé inaperçu puisqu'il avait valu à son auteur le prix, très convoité, du Furet du Nord 2004. L'eût-elle lu, d'ailleurs, que cela n'aurait pas changé grand-chose à l'affaire. Aussi bien, on ne se refait pas. On a déjà suffisamment de mal à se faire, surtout quand, fraîche émoulue du couvent Sainte-Marie, on postule, dût-on pour le clin d'œil exagérer un tantinet, au rôle de naïve... aux quarante amants. « Être la femme d'un seul homme », oui, mais lequel ? Et lequel, surtout, sera disposé à devenir l'homme d'une seule femme ? Le problème est éternel, le sujet des plus classiques, mais la phrase, limpide, impeccable, emporte tout. L'humour aussi, qui nous rappelle opportunément ici qu'il est d'abord regard impitoyable sur soi. Ne contribuent pas peu, enfin, au charme discret de cette évocation quelques échappées, presque trop fugaces au cadran de notre attente, sur le Lille estudiantin des années soixante : la nostalgie, décidément, sera toujours ce qu'elle était !

De toute évidence, le temps d'apprendre à écrire est révolu pour Brigitte Niquet : la maturité est là. Tout comme le cœur de la jeune Catherine, le terrain est désormais propice « à de futures moissons ».