Finale nationale 2015 des Timbrés de l'orthographe
Pour les fanas d'orthographe,
c'était hier le jour le plus long !
7 juin 2015
Il fallait oser : choisir un 6 juin pour faire débarquer à l’Alliance française, à Paris, quelque cinq cents finalistes censés en découdre avec un certain Lorànt... Deutsch ! Les organisateurs des Timbrés de l’orthographe, et au premier chef les dynamiques Éditions de l’Opportun, l’ont pourtant fait...
Avec le secret espoir, n’en doutons pas, d’aiguiller les malheureux candidats, parmi lesquels une cinquantaine de notre région, sur une fausse piste : c’est que chez ces gens-là, monsieur, tous les moyens sont bons pour laisser les concurrents sur le sable ! De même qu’il y a soixante et onze ans la Normandie supplanta in extremis, et contre toute attente, le Pas-de-Calais, on eut cette fois Bourges à la place des barges ! Au lieu de ce cœur que la poésie et les messages d’alors disaient « blessé d’une langueur monotone », cet autre Cœur, avec une majuscule, mais qui n’incitait pas davantage à faire le Jacques. Pour avoir renoncé aux péniches, le parrain de la cinquième édition des Timbrés ne put longtemps cacher ses gros sabots : le subrécargue, la mentalité compradore, les incoterms étaient là pour confirmer qu’en matière de difficulté on ferait moins dans la parcimonie que dans la... simonie. Et l’on ne vous parle pas de cet escalier à vis dont la marche sembla haute à certains, de ce passe-plat qui parut suffisamment singulier à d’aucuns pour qu’ils eussent l’idée saugrenue de lui ajouter un « s », pas plus que de cette capitale berrichonne qui a un drôle d’« r » dès lors que l’on se refuse à le doubler. Mais, venant du facétieux auteur de Métronome, pouvait-on décemment s’attendre à des cadences autres qu’infernales ?
Encore fallait-il, de toute façon, avoir déjà survécu à la préparation d’artillerie commandée par l’amiral Gersal, dont les trente coups de semonce initiaux (entendez les trente questions du QCM précédant la dictée) avaient préalablement nettoyé le terrain et éparpillé les troupes.
Pour autant, le Nord-Pas-de-Calais, terre de Résistance s’il en fut, ne se laissa pas impressionner outre mesure puisque, dans cette catégorie d’avenir qu’est par excellence celle des cadets, c’est une jeune fille de Saint-Nicolas-lez-Arras, âgée de douze ans, qui réussit la meilleure performance — un sans-faute, s’il vous plaît — pour décrocher le titre ô combien envié de « Timbre d’or ». Axelle Ponce, c’est son nom, reconnaissait pourtant avec beaucoup de modestie qu’elle devait tout à celle qui lui enseignait l’allemand au collège Paul-Verlaine, Élisabeth Charpentier. Cette dernière, on s’en souvient peut-être, avait, sous l’ère Pivot, terminé sixième des Dicos d’or 2002, lors de la finale nationale qui s’était déroulée à la Cité des sciences et de l’industrie. Bon « sang » ne saurait mentir, c’est bien connu !
Quant aux autres, moins heureux, ils se seront dit, eu égard à la date et aux circonstances, que l’on peut toujours perdre une bataille sans nécessairement perdre la guerre : rendez-vous a d’ores et déjà été pris pour la sixième édition !
Retrouvez cet article (avec la photo qui l'accompagne) dans sa présentation originale, tel que La Voix du Nord l'a publié.