Finale régionale 2015 des Timbrés de l'orthographe

Retour aux sources, hier après midi,
pour la finale régionale
des « Timbrés de l'orthographe »

29 mars 2015

La dictée de Mérimée reste, dans l'inconscient collectif, la référence absolue. La pierre de Rosette de tous les Champollions censés décrypter les hiéroglyphes de notre orthographe. Réputation usurpée pour d'aucuns : le scénario en est rocambolesque et mêle joyeusement, dans ce que la langue d'aujourd'hui qualifierait d'« improbable pataquès », marguillier, douairière et fusiliers... Quant au coup sur l'omoplate qui entraîne une dysenterie, voilà qui ne se rencontre pas tous les jours, fût-ce dans le service des causes perdues d'un Dr House !

Mais il est des idoles que l'on ne saurait briser sans passer pour un iconoclaste. Rien d'étonnant, donc, à ce que Lorànt Deutsch l'ait extraite de la naphtaline à l'occasion des finales régionales qui se sont déroulées, hier après-midi, dans cet Hexagone qui lui est si cher. N'était-ce pas, de surcroît, une manière comme une autre de saluer le principal commanditaire de l'opération, La Poste, puisque le repas que ce bon Prosper nous conte par le menu se passe à... Sainte-Adresse ?

Cela dit, fut-ce, pour nos représentants qui se sont rassemblés comme chaque année dans les locaux de la faculté de médecine Henri-Warembourg, le guêpier que leur promettait le titre ? Rien n'est moins sûr. D'abord parce que l'assistance était ici composée de candidats autrement armés que l'entourage de Napoléon III. Ensuite et surtout parce que le texte faisait dans le classique. Il eût fallu plus qu'une clepsydre pour faire prendre l'eau à ces convives aux dents longues, plus que le psittacisme pour qu'ils se missent à bégayer leur orthographe : tout cela relevait pour eux de l'enfance de l'art, voire de celle... des arrhes ! Du côté de la grammaire, rien non plus qui fût de nature à les déstabiliser, excepté, peut-être, cette phrase pour le moins curieuse — incorrecte, susurreront certains ? — qui voit la conjonction mais coordonner, de façon plutôt inédite, une principale et une subordonnée. Il est vrai qu'il ne s'agissait encore que de l'échelon régional et que l'auteur a tout le temps, d'ici à la finale nationale de juin, d'accélérer le mouvement de son... métronome ! Vrai aussi qu'il avait fallu préalablement répondre aux trente questions posées par le toujours fringant Frédérick Gersal. Et il n'est pas exclu que cet amuse-gueule se soit finalement révélé plus indigeste que le plat de résistance !

 

Retrouvez cet article (avec la photo qui l'accompagne) dans sa présentation originale, tel que La Voix du Nord l'a publié.