Télégueuleton

(Hazebrouck - 2010)

Quel succès que celui de « Masterchef » ! Quelque six millions de téléspectateurs pour voir préparer un risotto, hacher des échalotes, accommoder un artichaut, qui l'eût cru ? Faut-il que nous en ayons assez de ces autres légumes auxquelles ne nous avait que trop habitués, jusqu'ici, un petit écran souvent friand de têtes couronnées !

Si ces dames se sont d'abord enorgueillies de constater, tous les jeudis, que leur modeste popote était enfin traitée comme un art, il leur a fallu rapidement déchanter : c'est qu'à présent leurs époux, enhardis par les propos peu amènes des maîtres queux, ne s'embarrassent plus de gants pour leur signifier qu'elles sont encore bien loin de jouer les cordons-bleus ! Ça va du déstabilisant « Tu es contente de ton assiette ? » au dubitatif « C'était voulu, cette cuisson al dente ? », en passant par le définitif « Encore un turbot qui est mort pour rien ! »

Cela dit, que le mâle ne triomphe pas trop vite ! Il se pourrait qu'une télévision volontiers obnubilée par l'Audimat passât bientôt de la table au lit, histoire d'évaluer les savoir-faire sur ce nouveau terrain où est censée briller tout autant la France éternelle. C'est pour le coup, en effet, que nos phallocrates d'opérette risqueraient d'en rabattre ! Car pour peu qu'ils ne se montrent pas à la hauteur d'une réputation quelquefois usurpée, on entend d'ici leurs partenaires déçues critiquer la pièce montée, voire prendre mesquinement leur revanche en retournant aux envoyeurs ce commentaire mi-apitoyé, mi-moqueur : « Mais qu'est-ce que c'est que ce dressage ? »

 

TEST

Les concurrents auront droit au fromage et au dessert ! Ils écriront :

1) maroilles, cheddar, saint-marcellin, époisses, neufchâtel, appenzell, cancoillotte, laguiole ;

2) bavarois, génoise, far breton, pithiviers, forêt-noire, plombières, profiterole, croquembouche.