La mauvaise vue

(Plouay - 2010)

Décidément, Frédéric Mitterrand accumule les flops ! Quand il ne révèle pas urbi et orbi qu'il est tout près d'être bombardé ministre ; quand, avec la complicité d'un scooter et du sol verglacé, il ne joue pas les bras cassés du gouvernement en se démantibulant l'épaule ; quand, ès qualités, il n'absout pas un de ses pairs cinéastes, prétendument harcelé par la justice yankee... il met plus haut la barrette et se lance à corps perdu dans la décoration ! Las, sans doute, de se faire épingler pour les frasques narrées il y a quelque cinq ans dans son autobiographie, « La Mauvaise Vie », voilà qu'il se pique en effet d'agrafer sur les seins méritants les hochets vert et blanc de la République...

C'est d'ailleurs là façon de parler car, en l'occurrence, ce sont plutôt les récipiendaires qui se sont fait piquer... Témoin l'infortunée Marion, qui piaffait pourtant d'impatience avant de voir son chemisier chair — et probablement onéreux — transpercé d'une dextre gauche qui devait plus à Brutus qu'au protecteur des césars. Un vrai coupe-gorge ! Si d'aucuns crurent d'abord à quelque momerie de star, on comprit vite, lorsque l'intéressée vacilla sur ses talons aiguilles et en chut presque de l'estrade, que celle-ci ne minaudait point et que celui-là n'était pas pour rien le symbole de l'ouverture. Par bonheur, le clone d'Édith put s'agripper au biceps brachial de son bourreau : un ministre de la Culture, ça ne laisse pas tomber les artistes !

Cela dit, notre maladroit eût été bien inspiré, pour se frotter ainsi aux gros bonnets du septième art, de prendre exemple sur le vieux sphinx qui lui tenait lieu de tonton. Avec ce pro d'entre les pros, lequel distribuait les rubans — tant écarlates que bleu roi — en veux-tu en voilà, jamais remise de croix ne se mua en calvaire. La main, celle-là même qui, afin de tranquilliser le folliculaire tatillon, balayait l'idée qu'il pût y avoir des écoutes à l'Élysée, ne tremblait pas. En ces temps bénis... de Dieu, la médaille ne connaissait qu'un revers : celui de la veste que venait perforer, sans coup férir, l'insigne si convoité. On aura beau dire, ces blancs-becs ont les canines acérées mais ils n'arrivent pas à la malléole péronière de leurs brillants aînés !

 

TESTS

1) Ne décevez pas ce passionné de cinéma qu'est Frédéric Mitterrand : écrivez sans vous tromper les titres de films qui suivent !

- Ascenseur pour l'échafaud, Comment se débarrasser de son patron, Devine qui vient dîner, Neuf semaines et demie, Les Quatre Cents Coups (fin pour les juniors) ;

- La Gifle, Le Guépard, Max et les ferrailleurs, Le Pèlerin, Le Syndrome chinois (fin pour les seniors amateurs) ;

- Classe tous risques, Docteur Jekyll et Mister Hyde, L'Évangile selon saint Matthieu, La Fiancée de Frankenstein, Mort d'un commis voyageur (fin pour les seniors professionnels).

 

2) Connaissez-vous l'orthographe de ces six mots, lesquels commencent — au moins phonétiquement ! — par l'une des syllabes qui composent le prénom et le nom du ministre de la Culture ?

- phrénologie, de cujus, rickettsiose, myriophylle, télolécithe, rencogner (seniors professionnels seuls).