Messieurs les Anglais,
chantez les premiers !

(Plouay - 2008)

Devait-on s'attendre à pareil opprobre ? Ce soir même, la chanson française — celle de Charles Trenet et de Juliette Gréco — aura pour ambassadeur un transfuge : la voix qu'a plébiscitée France 3 pour nous représenter n'a-t-elle pas choisi de roucouler en anglais ? Il ne suffit plus à l'Eurovision de nous pomper l'air, voilà qu'elle nous coupe aussi la parole ! Sans doute nos fins stratèges de l'audiovisuel espèrent-ils par là mettre un terme à une kyrielle de débâcles et de raclées puisque la France, au dire des statistiques, ne l'a plus emporté depuis trente et un ans. La vérité oblige à reconnaître qu'elle s'en était aisément accommodée...

C'était bien la peine, soit dit en passant, que l'on mît sur pied tant de sommets francophones ! Que les commissions de terminologie vinssent nous expliquer pourquoi aux blogs il fallait préférer les blocs-notes, aux raves les fêtes technos ! Qu'un président de la République, d'ordinaire plus prompt à flatter les arrière-trains de la gent bovine que les avant-gardes des bataillons puristes, s'exaspérât au spectacle d'un patron des patrons français ânonnant son speech — pardon, son laïus — dans la langue de Shakespeare : « Ces boss, quelle plaie ! », aurait alors susurré le chef de l'État en filant incontinent à l'anglaise.

Bien la peine, surtout, qu'ait été récemment reconduite, et en grand tralala par-dessus le marché, cette « Semaine de la langue française », censée attester l'intérêt que porte notre establishment — le bien nommé — à notre idiome bien-aimé ! N'inclurait-elle pas, en réalité, quatre jeudis ? Et que vont donc penser de ce Trafalgar new-look nos alter ego québécois, si tatillons, si combatifs même, quand il s'agit de défendre leur pré carré contre ces satanés Angliches ? Qu'en l'occurrence c'est la fin des haricots ? Tranquillisons-les sans délai : en ces temps de capitulation linguistique, ce ne sont pas, il s'en faut, les fayots qui manquent...

 

TEST

Écrivez correctement le titre (et seulement le titre) de chacune de ces authentiques chansons françaises :

L'Accordéoniste d'Édith Piaf ; Les Bigotes de Jacques Brel ; La Bohème de Charles Aznavour ; Marionnettiste de Pierre Bachelet ; Si tu t'appelles mélancolie de Joe Dassin ;

La Ballade des baladins de Gilbert Bécaud ; Les Glycines de Serge Lama ; Le Loir-et-Cher de Michel Delpech ; Perlimpinpin de Barbara ; Vénus callipyge de Georges Brassens ;

Dans les plaines du Far West d'Yves Montand ; Le Bagad de Lann-Bihoué d'Alain Souchon ; L'Enterrement de Sidney Bechet de Patricia Kaas ; Les Lacs du Connemara de Michel Sardou ; Quelque chose de Tennessee de Johnny Hallyday.