Il était une foi
(Comines, 2007)
J'entends celle, aveugle, inébranlable, que j'ai toujours eue en ces histoires naïves, invraisemblables même, mais en contrepartie tellement poétiques ! Combien de fois, gamine, ne me suis-je pas endormie dans le fol espoir qu'un prince charmant viendrait me réveiller d'un bécot brûlant ? que des bottes de sept lieues m'attendraient sur la descente de lit pour me transporter jusqu'à ces antipodes si longtemps rêvés ? ou, plus modestement, qu'un carrosse aux allures de citrouille prendrait sans délai le relais de l'autobus pour me conduire à l'école ?
Prête-moi ta plume, mon ami Perrault ! Qu'à mon tour je permette à mes congénères du vingt et unième siècle de s'abîmer dans les bras de leur cher Morphée... Ne sied-il pas de les arracher à ce monde qui, aux cailloux, a substitué le G.P.S. ? à cette société qui, sans l'ombre d'un remords, a sacrifié la rencontre sur l'autel de la sacro-sainte connexion ? On ne dira jamais assez les vertus de la tradition orale qui, jadis, réunissait les hommes autour d'une chope. L'adage s'est trompé : ce sont les bons contes qui font les bons amis !
Le seul que je ne me sente aucunement tenue de convertir, c'est le fondu de dictée : pour ce fêlé-là, la cause l'emportera toujours sur les fées. À la baguette prétendument magique, cet esprit terre à terre préfère le stick et l'alpenstock. Il faudrait plus qu'un Merlin, avec ou sans majuscule, pour l'enchanter : à tant faire que de paraître à la masse, il mettra plutôt les poings sur les hies ! Quant aux châteaux forts où les conteurs ont coutume de porter leurs pénates bien-aimés, gageons qu'ils ne pèseront pas lourd devant ses kraks. Au vrai, peu me chaut ! Pourvu qu'il vive heureux et n'ait point trop d'enfants...
TEST
Dans ce recueil de comptines qu'il avait été près de publier à compte d'auteur, ce conteur-né, né comte de surcroît, sous prétexte que son éditeur, en compte avec lui, le payait au compte-gouttes, avait malicieusement glissé un compte courant, deux comptes joints et trois comptes-chèques. Tout compte fait, les lecteurs étaient bien peu à s'en être rendu compte.