Ça se passe comme ça,
chez Donald !
(Merville, 1990)
Mille mercis à nos dessins animés ! Combien de mouflets, si casse-pieds qu'ils fussent, se sont laissé amadouer, voire apprivoiser, par ces images bon enfant que distillait un projecteur désuet ? Évacuerons-nous jamais de notre mémoire ces personnages pittoresques, en butte aux noirs desseins d'un entourage antipathique : ce canari que laissent serein les agressions de la race féline ; ces souris gris ardoise sur les slaloms desquelles les matous les plus retors se sont cassé les dents ; ou, a fortiori, ce levraut facétieux que plus d'un cordon-bleu accommoderait aux échalotes, pour peu qu'on le capturât ? Gageons que non. Pas plus que nous n'oublierons le marin râblé qui, préférant l'épinard au pinard, puisait les neuf dixièmes de ses forces dans une boîte de conserve...
Las ! le beau rêve s'est métamorphosé en cauchemar et les dessins prétendument animés d'aujourd'hui, japonais quatre-vingt-dix-neuf fois sur cent, reflètent un monde moins féerique qu'hystérique : ce ne sont plus que reîtres et soudards irascibles qui, ferraillant au milieu de continuels décombres, dans les ténèbres encore épaissies de l'univers spatio-temporel, s'entrechoquent et s'entre-tuent à qui mieux mieux. Raison de plus pour se raccrocher, quasi désespérément, aux héros bonasses comme aux histoires chatoyantes d'autrefois : quelque surannées que soient ces dernières, tout élémentaires qu'elles paraissent, elles nous incitent à croire qu'à l'instar de ces nains qui sifflotaient en travaillant, nous n'avons décidément pas grandi !
TEST
S'étant saisie du tomahawk, la squaw sioux, qui ne prisait guère l'odeur suffocante du calumet dans son wigwam, vola, sans piper mot, dans les plumes gorge-de-pigeon du sachem, afin de le hacher menu. Paix à ses cendres !