Effeuillons la marguerite

(Comines, 2003)

Honni soit qui mal y pense : il ne saurait être question que nous dépouillions de son habit vert une ex-star de l'Académie, la première qui plus est, bien avant Jenifer et Nolwenn, à terrasser — pour ainsi dire dans un fauteuil ! — les orgueilleux porte-parole de la gent masculine. Ce titre provocant n'avait d'autre dessein que d'évaluer, pétale après pétale, l'estime que vous portez à cette figure des belles-lettres, notre payse à jamais, quand bien même cette infatigable globe-trotteuse aurait finalement assujetti ses chers pénates outre-Atlantique.

Gageons que, friand de popes, vous aurez aimé plus qu'un peu les Nouvelles orientales. Beaucoup ces Mémoires qu'à son successeur Marc Aurèle aurait laissés Hadrien : époustouflante leçon d'humanisme que l'on croirait donnée à chacun d'entre nous, plutôt qu'à un empereur romain ! Passionnément cet Œuvre au noir, qui valut à son auteur, et à l'unanimité s'il vous plaît, le prix Femina. Mais le moyen de ne pas brûler pour l'alchimiste que ses cucurbites renflées mèneront, tel un vulgaire relaps, aux autodafés de l'Inquisition ?

À la folie — jusqu'à l'amok, crâneront les fiers-à-bras — ces Archives du Nord à nulles autres pareilles, deuxième volet du triptyque autobiographique que l'intéressée entama au soir de sa vie. S'y trouve chanté, quasi appassionato, ce pays prétendument plat qui est le nôtre. Pas du tout, c'est à craindre, ce pot-pourri de guets-apens qui, sous prétexte de ressusciter la vieille dame aux capes d'ébène, fut surtout l'occasion de distiller des phrases autrement biscornues que les alambics de l'abstracteur de quintessence susdit. Mais le sans-faute, orichalque envié de nos chercheurs d'orthographe, vaudrait-il d'être réussi sans cela ?

 

TEST

On le sait, Yourcenar était l'anagramme presque exacte de Crayencour. Sans raffiner jusque-là, nombreux sont les écrivains à s'être forgé, fût-ce ex nihilo, des pseudos ronflants. Stendhal, Apollinaire, Alain-Fournier en sont autant d'exemples. Certains, à l'instar de Romain Gary, se sont même servis de prête-noms pour en faire accroire à leurs coreligionnaires : c'est ainsi qu'Ajar rimera longtemps avec canular...