Ode à l'entreprise
(Steenwerck, 2001)
Loués soyez-vous, ô décideurs vénérés ! Qui pourra jamais soupçonner quelles affres sont les vôtres, de la hantise du krach à celle de la grève, en passant par l'ire des actionnaires ? Et que dire de l'arrivée tout imminente de l'euro, qui — inutile de se raconter des craques — va coûter des mille et des cents ? Rien d'étonnant à ce que plus d'un, parmi vous, recoure aux bêtabloquants, voire aux tranquillisants... Cela dit, au temps pour moi ! La plus fatigante des épreuves, celle qu'en l'occurrence vous n'êtes pas près d'oublier, c'est en ce moment même que vous l'endurez : n'est-il pas horripilant, pour quiconque est accoutumé à dicter ses exigences, de devoir se plier aux desiderata de la langue française ?
Puissiez-vous néanmoins, quelque abracadabrantesques que vous semblent la plupart de ses règles, la cajoler et la garder du snobisme des anglomanes : elle aussi est une richesse, et elle a besoin de vous pour fructifier.