Dites-le avec des prunes

(Esquelbecq, 2019)

Extravagante mésaventure que celle de cette automobiliste qui, non loin de la frontière argentine, se serait fait verbaliser par un policier uruguayen ! L'intéressée avait pourtant bouclé sa ceinture, coupé son portable et n'était apparemment pas près d'enfreindre les limitations de vitesse. L'unique imprudence que lui a reprochée l'agent du coin, et qui s'est donc retrouvée consignée en bonne et due forme dans le procès-verbal, c'est de « circuler sur la voie publique avec beauté excessive »... Jugez de l'ébahissement de l'épinglée devant cette déclaration à peine voilée, qu'un « je t'aime » moins ambigu encore venait corroborer sans ambages au bas dudit P.-V.

Sur l'élégance du procédé, les opinions ont sensiblement divergé. Quand d'aucuns dénonçaient l'abus de pouvoir, d'autres, au nom de l'humour, réclamaient à cor et à cri les circonstances atténuantes. Quand nombre de féministes flairaient dans cette espèce de canular une forme innommable de harcèlement, plus d'un se disait ému par le romantisme de la démarche : pour une fois qu'une amende prêtait à sourire... Las ! on apprit bientôt que martyre et tortionnaire vivaient ensemble, ce qui ôta un peu de son sel à la saynète. Quoi qu'il en soit, que les participants à cette dictée se rassurent : seule sera prise en compte la beauté de leurs phrases et, vu les guets-apens que ces dernières sont censées leur tendre, il serait étonnant qu'elle parût excessive au jury...

 

TEST

En l'honneur de la 13e édition de la Nuit des livres, rien que des mots de treize lettres :

hypothyroïdie, cyphoscoliose, schizophrénie, kazakhstanais, dyssynchronie, tachyarythmie, cryptorchidie.