Heureux élus ?

(Emmerin, 2018)

Cette expression qu'a consacrée l'usage est-elle encore censée avoir cours après un sondage nous révélant que quantité de nos maires étaient déterminés à jeter l'éponge dans quelque deux ans et demi ? Une quasi-moitié auraient en effet ce que l'on appelle, en bon français d'aujourd'hui, le blues, voire le sentiment qu'en l'occurrence ils se sont fait blouser : difficultés pécuniaires sans cesse croissantes, administrés de plus en plus exigeants, État étonnamment distant (à moins qu'il ne lui siée d'imposer auxdits édiles une suppression de la taxe d'habitation en bonne et due forme)... Quant à la tâche, qui, quoi qu'en disent d'aucuns, n'a jamais rien eu d'une sinécure, elle serait éminemment accaparante.

Et voilà que, pour ajouter à leurs affres habituelles, ces infortunés, sous l'impulsion d'une activiste emmerinoise qui ne se résout pas à mettre son enthousiasme au rancart, se sont vu suggérer de participer à une dictée, sous prétexte de venir grossir la cagnotte du Téléthon ! Adieu veau, vache, etc. ; bonjour les vacheries échafaudées par un extrémiste de la syntaxe, ô combien affriolé à l'idée de renvoyer ces dévouées légumes à leurs chères études ! Il est vrai que tout ça n'est qu'un jeu et que peu leur chaut le résultat, la priorité étant bel et bien de combattre sans faute les myopathies, dystrophies neuromusculaires et autres maladies peu folichonnes, lesquelles n'apparaissent rares qu'à ceux qui ont l'heur de ne pas en être atteints. En tout cas, mille mercis aux intéressés d'avoir pris la plume pour tracer ensemble ces lignes empreintes d'espoir et nous donner en avant-première l'exemple du prélèvement à la source !