Tout, tout, tout, vous saurez tout...

(Mons-en-Barœul, 2017)

Je l'avoue sans fard aucun : l'ordiphone s'étant apparemment mis aux abonnés absents, je m'accommode plus volontiers de l'anglicisme smartphone (qu'au moins je ne suis pas censé comprendre) que de son équivalent en français. Un « téléphone intelligent », et puis quoi encore ? Tout ça, vraisemblablement, parce qu'il multiplie et divise, ce dont, quoi qu'on en pense, se révèlent quasi incapables la plupart des bacheliers d'aujourd'hui ? parce qu'il répand dans tous les azimuts des textos hiéroglyphiques pour le commun des mortels ? parce qu'il rend accro à une Toile qui ne nous a déjà, moucherons ô combien pathétiques, que trop englués ? Quand cessera-t-on donc d'idolâtrer la machine aux dépens de l'homme ?

Et voilà qu'un fabricant britannique nous promet un « préservatif intelligent » ! Le roi des condoms, en quelque sorte, puisque cette capote high-tech, connectée jusqu'aux dents elle aussi, permettra de refaire le match au coup de sifflet final. Rien de votre vit ne vous sera plus étranger : taille, périmètre, résilience. C'est à jet continu que choiront les informations sur votre câlin du jour : durée des ébats, nombre de coïts, calories dépensées, etc. À une époque où tout est fait pour être partagé — pizzas à découper comme jeux Olympiques —, le rodomont qui sommeille en vous pourra même, à l'instar des joggeurs, mettre ses stats en ligne et époustoufler ses congénères. Elle n'est pas belle, l'idylle du troisième millénaire ?

Mais au diable la poésie, ses fanfreluches et ses colifichets ! Toute oaristys étant susceptible de répercussions délétères sur notre santé, ledit gadget s'enorgueillit de détecter en sus d'éventuelles chlamydias. Jusqu'au tréponème pâle, héraut de la syphilis, qui aurait intérêt à numéroter ses abattis ! Dieu merci, on ne vous envoie pas encore, sur un appareil prétendument « dédié », avec les pubs pour albums de photos y afférentes, les portraits-robots des petits salés auxquels vous avez échappé. Mais, au rythme effréné où vont les choses, c'est pour bientôt. À l'ère du 2.0, sied-il que nous copulions au petit bonheur la chance ? L'amour est affaire trop sérieuse pour que nous la confiions aux seuls sentiments....

 

TEST

Juniors et adultes amateurs écriront ces mots qui, au contraire du condom, doivent bien leur nom à une ville :

- calicot, échalote, bistouri, chichuahua, baïonnette (fin pour les juniors) ;

- capharnaüm, colophane, ypérite, leghorn, sybarite (fin pour les adultes amateurs) ;

Les adultes professionnels écriront de leur côté les adjectifs correspondant à chacune de ces parties du corps :

- aine (inguinal), aisselle (axillaire), bassin (pelvien), bras (brachial), cerveau (cérébral... et non cervical !), coccyx (coccygien), côlon (colique), colonne vertébrale (rachidien ou spinal), poitrine (pectoral), vessie (vésical).