Le virus de l'épinglette

(1993)

Allez-vous-en lutter contre une épidémie ! Car c'en était une, quoi qu'on en dise : du jour au lendemain, des taches multicolores étaient apparues sur plusieurs torses. Si, d'abord, personne ne s'affola devant ce mal subit, les choses allaient rapidement s'aggraver, des marques de plus en plus visibles s'étalant bientôt sur tous les thorax. Les victimes — au premier chef, des adolescents — ne souffraient pas, du moins a priori, mais les répercussions sur l'état général n'étaient pas minces : l'éruption s'accompagnait notamment d'un rejet de tout ce qui, d'ordinaire, était censé passionner les potaches. C'était à croire qu'ils s'étaient découvert une dent contre les timbres-poste et qu'ils n'adhéraient plus qu'à contrecœur au culte des autocollants ! Quant aux divers cours, qu'il s'agît du carré de l'hypoténuse ou des subordonnées circonstancielles, ils faisaient bâiller. Seuls comptaient ces gros boutons dont, paradoxalement, les propriétaires semblaient s'enorgueillir ! La médecine, impuissante, nomma ce qu'elle ne comprenait pas : elle baptisa « pin's » ces plaques importunes dont, par acquit de conscience, elle souligna les effets nocifs. Peine perdue : ces satanés insignes dussent-ils occasionner quelques vestes supplémentaires à l'examen, on aurait, cette fois, de quoi les décorer !

 

TEST

Tout heureuse, elle s'était plu à agrafer, sur son blazer bleu marine, la quasi-totalité des épinglettes qu'on lui avait fournies, quoique sa mère ne jugeât pas ce bariolage très convaincant !