La finale régionale scolaire s'est déroulée hier à Compiègne

Un Pivot plus impérial que jamais !

Finale régionale scolaire 1998
(château de Compiègne)
dimanche 25 octobre 1998

La légende, c'est cette fameuse dictée que Mérimée, par un après-midi pluvieux de 1868, aurait écrite au château de Compiègne pour distraire la cour de Napoléon III. Légende, car personne ne s'accorde vraiment sur le lieu (Grevisse miserait plutôt sur Saint-Cloud), pas plus que sur la performance exacte des protagonistes. L'unanimité se fait seulement sur le naufrage de l'empereur : une cinquantaine de fautes quand le prince de Metternich, ambassadeur d'Autriche, n'en commettait que trois... Un véritable Sedan avant la lettre !

Peu importe, finalement. L'essentiel n'est-il pas que ladite dictée — qui répondait, paraît-il, à un vœu de l'impératrice — ait valu à son auteur autant de gloire que Carmen ? Qu'elle ait donné des idées, aussi, et plus d'un siècle après, à ce Mérimée des temps modernes qu'est Bernard Pivot ? Car la réalité, ce samedi, c'étaient d'abord ces trois cents élèves et écoliers réunis dans cette même ville de Compiègne par le Crédit Agricole et les inspections académiques afin d'y disputer la finale régionale des Dicos d'or scolaires. Est-ce parce que l'euro leur est déjà plus familier que le napoléon ? Toujours est-il qu'ils n'auraient pas cédé leur place pour un empire, ces cadets et ces juniors venus du Nord, du Pas-de-Calais, de la Somme, de l'Aisne et bien sûr de l'Oise ! Une place pour la finale nationale du mois de janvier prochain, au palais Garnier, n'était-elle pas en jeu ? Et tant pis si, pour y parvenir, chacun sentait bien qu'il faudrait en passer par une forêt de participes autrement inextricable que celle qui jouxte la ville...

Du Mérimée allégé !

Au reste, si elle lui fit de nombreux clins d'œil, la dictée qu'eurent à affronter nos Metternichs en herbe ne s'avéra pas aussi ardue que son illustre devancière. Certes, il y eut bien, comme à l'habitude, ambiguïtés (avec tréma), embûches (avec accent circonflexe) et trompe-l'œil (avec trait d'union). Certes, les vents coulis en ont décoiffé plus d'un et les chasses à courre ont sonné l'hallali de bien des espoirs. Mais en dehors du frac, rien qui puisse faire prendre une veste aux meilleurs : ceux qui se sont qualifiés pour la finale parisienne du 16 janvier. On veut croire — car ils le méritent bien, après cette escapade à Compiègne — qu'ils s'y rendront en autobus... à impériale !