Luc Ferry aux Dicos d'or !
Quand Jules est au violon...
Finale nationale 2002
(Cité des sciences et de l'industrie, Paris)
dimanche 26 janvier 2003
On a beau connaître les accords, du côté de Grenelle, aucun ministre de l'Éducation nationale ne s'était jusqu'ici frotté, dans l'exercice de ses fonctions du moins, à la dictée de Pivot. Ni Jack Lang — pourtant rompu au maniement de la langue de Blois — ni son prédécesseur Claude Allègre. Quand son cher mammouth hanterait plus souvent qu'à son tour les scénarios de notre nouveau Mérimée, le spécialiste de la dérive des continents craignait peut-être de mettre à côté de la plaque... François Bayrou, s'il s'éleva vigoureusement contre les rectifications de l'orthographe, en 1990, ne fut pas plus téméraire : une gifle avec deux f est si vite arrivée ! Luc Ferry, lui, y va. Patronyme oblige... Et puis, quand, philosophe de formation, on a appris à écrire Nietzsche et Kierkegaard, on n'a plus grand-chose à redouter de l'orthographe. Certes, on n'empêchera pas les mauvaises langues de voir là manœuvre de diversion, à quelque quarante-huit heures de la grève des enseignants. Certes, on pourra toujours insinuer qu'en cas de coup dur notre ministre aura beau jeu de loucher sur la copie de Xavier Darcos, lequel fut professeur de lettres avant de prendre en charge l'enseignement scolaire ; ou encore sur celle de Jean-Jacques Aillagon qui, pour représenter ici la Culture, joue tout aussi gros dans cette affaire : gageons qu'à tout le moins ce dernier aura à cœur de faire oublier qu'il y a quelques années nous reçûmes de son ministère une lettre adressée rue Pierre... Curry ! Mais laissons là ces détails piquants pour en revenir à Luc Ferry. Comment ne pas saluer ici, en effet, le courage de l'intéressé ? Et, à travers lui, ce qu'il faut bien appeler un revirement de l'Éducation nationale, longtemps réservée à l'égard de ces joutes jugées par trop élitistes ? À l'égard, aussi, de cette dictée si ringarde, un peu vite clouée au pilori des méthodes pédagogiques nouvelles... pour les résultats incertains que l'on ne constate, hélas, que trop.
Bravo donc, monsieur le Ministre. Dussiez-vous laisser quelques plumes dans l'aventure, votre initiative méritait bien que nous prissions (pardon) la nôtre pour applaudir à votre panache. Et surtout rassurez-vous : il y a belle lurette que cinq fautes ne sont plus éliminatoires. Ça, c'était du temps de tonton Jules...