Aucun nordiste parmi les diplômés de l'université René-Descartes
La chaire est triste, hélas...
Finale nationale 2001
(Université René-Descartes, Paris)
mardi 15 janvier 2002
Pouvait-on rêver lieu plus approprié à une finale d'orthographe qu'une université dédiée à Descartes ? Est-il, au vrai, une compétition où l'on se laisse aussi facilement gagner par le doute ? Où l'on se défie davantage de ses impressions premières et de ses sens ? Où, dans l'espoir souvent vain de déjouer pièges et traquenards, on discoure plus volontiers de sa méthode ? Encore s'agissait-il, dans un tel milieu, de ne pas perdre ses facultés : Bernard Pivot, jusque-là drapé dans une blouse grise d'instit, ne risquait-il pas, même flanqué de Klein, de se laisser griser par cette promotion tardive dans l'enseignement supérieur ? N'allait-il pas verser dans l'élitisme et, par égard pour les mânes du philosophe, forcer ses ouailles à cogiter plus encore que de coutume ? De fait, ceux qui, l'an dernier, s'étaient alanguis dans les fauteuils de l'Olympia ne mirent pas longtemps à s'apercevoir que la dictée du jour, pour être plus courte que sa devancière, ne ferait pas dans le velours.
L'art pour l'ars ?
Il faut rendre à ces ars ce qui leur appartient : on ne les trouve pas sous le sabot d'un cheval mais bien plutôt à la jonction du poitrail et des membres antérieurs, ce qui désarçonna visiblement certains finalistes. Rallidés et rémiz ne contribuèrent pas à les remettre en selle, d'aucuns allant jusqu'à abandonner à ces échassiers et passereaux quelques plumes supplémentaires. L'infortuné Géricault, que plus d'un, sans tambour ni trompette, se permit d'écrire Jéricho, voua au naufrage tous ceux qui n'avaient jamais entendu parler du Radeau de la Méduse. Cela dit, comme c'est souvent le cas, les mots qui firent le plus mal ne furent pas nécessairement les plus rares. Personne ou presque ne fut emporté par l'éland d'Afrique, dont les cornes spiralées, il est vrai, avaient déjà marqué les fessiers, il y a quelque dix ans. Les arénicoles laissèrent peu de monde sur le sable. Quant à la psittacose, pouvait-elle dérouter un auditoire rompu, ces derniers jours, à l'arrêt Perruche ? En revanche, si élémentaire qu'il parût, le b.a.-ba ne dérouta pas que les analphabètes.
Les nordistes collés
Une chose est sûre : cet examen terminal fut fatal à nos représentants, si brillants, pourtant, lors des partiels. On se consolera à l'idée que le Picard Daniel Palerm, Dico d'or chez les seniors amateurs, a bâti son triomphe au Colisée de Roubaix. Ou à celle que la Champenoise Célia Buisine a longtemps suivi les cours du collège des Flandres d'Hazebrouck. Pour le reste, il n'y a plus qu'à redoubler !