Dictée ou roman-fleuve ?

Histoire d'eau

mardi 19 novembre 1996

Plus mon Loire gaulois que le Tibre latin... Qui, le samedi 9 novembre, ne se sera souvenu de ce vers de Du Bellay en découvrant la dictée de demi-finale des Dicos d'or ? Un texte tout entier consacré — retransmission en direct de Blois oblige — au plus long des fleuves français, ce qui, a posteriori, nous paraît relever de l'évidence : y avait-il sujet plus indiqué, en vérité, pour rendre compte des méandres de notre orthographe ? Les candidats ne s'y sont d'ailleurs pas trompés et le courant, visiblement, est passé... Même si, dans leur enthousiasme, certains ont fait eau ! Pour ne pas se retrouver sur le sable ce samedi-là, il fallait en effet savoir mener sa barque, et plus encore sa gabar(r)e... Il fallait, pour que tout ne finît pas en queue de poisson, prendre garde aux arêtes traîtresses que dissimulaient les barbeaux et les aloses nacrées ; au feu qui couvait sous le sandre, lequel ne réussit pas à tous les concurrents. Était-ce seulement parce que la diffusion était mauvaise et qu'il y avait de la friture sur la ligne ? Il fallait encore ne pas confondre les appas d'une Loire personnifiée, laquelle ne saurait décemment être plate comme une limande, avec les appâts (Ah ! ces gammares séchés...) dont on garnit l'hameçon. Certains étourdis s'en frappent encore la poitrine mais... que celui qui n'a jamais péché (pêché ?) leur jette la première pierre ! Et nous ne parlons pas de ces lieux plains qui provoquèrent de sérieux passages à vide, de ces perrés qui en ont mis plusieurs au pied du mur, ni même de ces grèbes huppés qui coûtèrent la palme à plus d'un... Car on l'aura compris : ce fleuve-là ne faisait pas le lit de tous les candidats ! Ils étaient d'ailleurs nombreux, la télévision l'a montré, à tirer la langue, et le maire de Blois ne faisait pas exception à la règle. La politique, quoi qu'en pensent de mauvais coucheurs, n'apprend pas à nager dans toutes les eaux...