La dictée, ça vous a toujours chanté ?

Eh bien, dansez maintenant !

mardi 27 janvier 2004

Tel est en substance le message — subliminal mais non moins réel — que maître Pivot, sur son lutrin perché, a adressé ce samedi, dans sa « fable moderne » de l'Hôtel de Ville, aux finalistes des Dicos d'or 2003. Par le passé, c'est vrai, de l'Opéra-Comique au palais Garnier via l'Opéra de Lyon, la part belle avait souvent été faite au « vieil art choral ». Mais notre Mérimée du vingt et unième siècle semble depuis peu tenté, pour mettre ces forts en thème au... pas, d'inaugurer une piste toute neuve : celle de la danse. Que l'on en juge par ces french cancans, ces fox-trot et ces bossas-novas, lesquels, à n'en pas douter, ont dû mettre force téléspectateurs dans leurs petits chaussons ! Ne cherchez pas, monsieur, sous les jupons froufroutants du premier, le moindre trait d'union : vous rentreriez aussi bredouille que chaviré. N'en tirez pas, madame, trop vite argument pour en déshabiller les deux autres : ce serait un authentique écart, pour peu évidemment que le pluriel des concernés — invariable là, ici variable deux fois plutôt qu'une — ne vous ait pas déjà encouragée à faire tapisserie à l'avenir. Bref, après avoir séché, naguère, sur les prima donna, les contre-ut et les plains-chants de tout acabit, il est à craindre que demain les concurrents n'aient à transpirer dans des one-steps, des be-bops et des boogie-woogies endiablés ! Dans les cake-walks, aussi, dont l'orthographe, en dépit des apparences, est tout sauf du gâteau. Dans les paso(-)doble, encore, à l'égard desquels il convient surtout de redoubler de prudence : si le trait d'union est facultatif, l'invariabilité, elle, ne l'est pas ! Dans les cha-cha-cha peut-être, même si le Petit Robert, des plus curieusement, ne mentionne pas le pluriel de ce terme invariable pour Larousse, ce qui fait que l'on ne sait plus guère sur quel pied danser... Il y aurait là, reconnaissons-le, de quoi flanquer le blues aux plus enthousiastes, si ces derniers, dûment avertis, ne disposaient maintenant d'une année entière pour se familiariser avec tous ces « déhanchements » qui font, paraît-il, le charme discret et inégalable de notre langue... Gageons donc que, dans les chaumières, la valse des dictionnaires et des ouvrages de référence va reprendre sans tarder : quand le chat n'est plus là, les souris, c'est bien connu, s'empressent d'apprendre à danser (proverbe moderne) !