À la fortune du mot
Les voies de l'étymologie ne sont pas toujours impénétrables, jugez-en plutôt...
Rue. On ne dira pas de ce mot né au XIe siècle qu'il n'a pas pris une ride, puisque c'est précisément ce que signifiait à l'origine le latin ruga, dont il est issu ! La métaphore, il est vrai, se passe de commentaire, le chemin sillonnant la terre comme la ride le visage...
Mail. N'en déplaise aux internautes, la prononciation à l'anglaise ferait monter la moutarde au nez de votre serviteur, lequel s'empresserait de rectifier : « Il n'y a que mail qui m'aille ! » C'est au XVIIe siècle que ce mot, qui désignait primitivement un marteau, s'est appliqué à un jeu voisin du croquet, ainsi qu'à la promenade publique où l'on s'y adonnait.
Boulevard. Rien d'étonnant à ce que celui-là, souvent qualifié d'extérieur ou de périphérique, fasse le tour de la ville : la chose est conforme à l'étymologie puisque le néerlandais bolwerc, dont il descend, était un terme de fortification et renvoyait aux remparts qui ceignaient la cité...
Avenue. Quand on n'en aurait pas plus conscience que pour allée, ce nom résulte de la substantivation d'un participe passé, celui de l'ancien verbe avenir. Ce n'est qu'à la fin du XIXe siècle qu'il s'est appliqué à la large voie urbaine que nous connaissons, après avoir longtemps désigné la survenue d'envahisseurs de tout poil !
Venelle. Cette ruelle campagnarde bordée de murs ou de haies ne saurait évidemment prétendre au statut d'artère : il s'agit tout au plus, les étymologistes nous le confirment, d'une veine, et des moins grosses, foi de diminutif ! Mais l'essentiel n'est-il pas qu'elle permette... la circulation ?