À la fortune du mot
Nombre d'expressions usuelles nous viennent tout droit de la vie militaire. Revue de détail :
Battre la breloque. Il ne s'agit pas ici du bijou fantaisie que l'on suspend à la chaîne de montre, mais de la batterie de tambour au rythme saccadé dont on usait pour faire rompre les rangs. La délicieuse confusion qui s'ensuivait inévitablement explique le sens figuré de l'expression : fonctionner mal, cafouiller.
Battre la chamade. Autre batterie de tambour, synonyme de reddition celle-là : les assiégés y avaient recours pour exprimer leur désir de parlementer. De même, un cœur bat la chamade quand il capitule devant les appas d'une belle !
Coincer la bulle. Cette dernière n'est autre que la bulle d'air du niveau permettant de vérifier la parfaite horizontalité de la plaque du mortier. Ladite bulle dûment coincée entre ses repères, les artilleurs pouvaient paresser à leur aise. On comprend que l'expression évoque le farniente...
Tirer au flanc. C'est le propre des soldats qui, voulant éviter le front où la bataille fait rage, préfèrent se laisser glisser sur l'un des flancs de l'armée. On peut tout aussi bien, mais dans un registre plus vulgaire, tirer au cul, c'est-à-dire musarder en queue en attendant des jours meilleurs.
Être de la revue. Cet intense sentiment de frustration fut à l'origine celui du troufion que l'on privait de permission pour cause de revue. Celle-ci, qu'elle fût d'armement ou de casernement, était avant tout promesse de corvées de toutes sortes...