À la fortune du mot
La langue française n'a jamais été, si l'on ose dire, en reste pour habiller de mots ce qui peuple les dépotoirs. En voici... une pleine benne !
Ordure (1118). Nos classiques, le dictionnaire de Furetière en témoigne, l'assimilaient volontiers au pus et aux excréments, c'est-à-dire à tout ce qui relevait du « dedans du corps ». L'étymologie, qui fait descendre le mot du latin horridus, « ce qui fait horreur », plaidait pourtant en faveur d'une acception plus large...
Immondice (1223). Ce féminin méconnu est à rapprocher de l'adjectif immonde, qui à l'origine s'est appliqué à ce qui était impur au regard de la loi religieuse.
Déchet. A revêtu dès le quatorzième siècle sa signification actuelle de « quantité perdue dans l'emploi d'un produit ». À rattacher au verbe déchoir, lui-même issu du latin decadere, « tomber ».
Débris (1549). Au sens premier, « morceau restant d'une chose brisée ». Il est à noter qu'à l'époque classique le « vieux débris » n'avait rien de péjoratif quand il qualifiait une personne âgée, « témoin du passé ».
Rebut (1549). Contemporain du précédent, ce déverbal de rebuter, avant de s'utiliser à propos de « quelque chose qui dégoûte », a d'abord renvoyé à ce qui « avait été repoussé du but ». Moins dépréciatif que ses congénères, celui-là est même couramment employé par l'administration des Postes pour désigner les lettres dont on n'a pu trouver les destinataires.
Détritus (1753). Étymologiquement : « ce qui est usé par le frottement, broyé ». Avant de faire florès, au propre (!) comme au figuré, dans le langage courant, le terme était surtout employé dans le domaine scientifique, et plus particulièrement en géologie.