À la fortune du mot
Si la chandelle est morte (et pas seulement dans la chanson), elle éclaire toujours le langage populaire : le dépensier la brûle par les deux bouts quand l'avare se voit reprocher de les économiser ! Certaines expressions, pourtant, sont moins lumineuses et méritent de plus amples commentaires.
Le jeu n'en vaut pas la chandelle. L'éclairage, jadis, était un luxe : il n'était pas de tripot, le soir venu, qui ne vous fît participer aux frais, dès lors que vous vouliez y entamer une partie de cartes... Mieux valait alors que les gains vinssent compenser cette mise initiale !
Devoir une fière chandelle à quelqu'un. Cette chandelle-là n'est autre que le cierge que vous vous deviez de faire brûler au pied du saint qui avait exaucé vos prières.
Tenir la chandelle. Une locution lourde d'arrière-pensées grivoises puisque, chacun le sait, il s'agit de favoriser une aventure galante. À l'origine, pourtant, l'expression était exempte de tout voyeurisme : il était de tradition qu'un garçon d'honneur, dûment tiré au sort, éclairât le coucher des jeunes mariés lors de leur nuit de noces... À condition, bien sûr, que ce candélabre humain restât le dos tourné !
Moucher la chandelle. Aucun rapport, rassurez-vous, avec cette autre chandelle, rien moins que seyante, qui nous pend parfois au nez ! La formule, qui a vieilli, se disait naguère de ceux qui, dans quelque domaine que ce fût, étaient réduits aux fonctions subalternes. Allusion évidente à ces larbins qui, au théâtre, n'avaient d'autre tâche que d'éteindre les chandelles, au terme de la représentation.