À la fortune du mot
Le langage n'a pas toujours fait dans la dentelle quand il s'est agi d'évoquer l'accouchement. En témoignent ces locutions pour le moins... triviales. Amis de la poésie, à l'année prochaine !
Cracher le marmot. L'expression, récente et transparente, n'a ni le charme ni le brillant passé de sa quasi-jumelle croquer le marmot, « attendre en se morfondant ». Une coutume voulait en effet qu'en l'absence de son seigneur le vassal baisât le marmot, autrement dit le heurtoir orné de sa porte.
Se déballonner. Logique quand on sait qu'avoir le ballon signifie en argot « être enceinte », parmi une infinité de variantes toutes plus élégantes les unes que les autres : avoir avalé le pépin, avoir un polichinelle dans le tiroir, avoir un prototype en soufflerie, etc.
Se mettre en deux. Ce tour-là est un peu plus délicat, même s'il pèche par excès d'optimisme : c'est en quatre qu'il est souvent nécessaire de se mettre lors d'un accouchement, avec la collaboration active de la sage-femme et de l'heureux (?) mari...
Faire des pieds neufs. Rabelais a-t-il inventé l'expression ? Toujours est-il qu'il en use pour la naissance de son Gargantua (livre I, chapitre 6). Le peuple s'en est apparemment souvenu !
Faire un pet à vingt ongles. Serait-ce la raison pour laquelle le nouveau-né, à sa sortie, est presque toujours coiffé en coup de vent ?
Pisser des os. On ne décernera certes pas à cette locution (pas plus qu'à la suivante, d'ailleurs) la palme du bon goût. Elle n'en est pas moins vieille de trois bons siècles, et il y a prescription.
Sortir sa côtelette. On peut, là encore, la pisser. Il est vrai que ladite côtelette a maintes fois inspiré le langage populaire. Ne s'est-elle pas appliquée aux favoris, voire aux applaudissements qui saluent le comédien ?