À la fortune du mot

< mardi 22 février 2000 >
Vocabulaire

Puisque nous en sommes au panier, faisons provision de tournures pittoresques !

Bête, sot, c... comme un panier. On comprend mieux le discrédit qui pèse sur ce malheureux objet quand on sait que la locution initiale était bête comme un panier percé. Allez en effet retenir ce que l'on vous dit si vous tenez de ce dernier ! Il n'est pas moins vrai que les récipients ont souvent mauvaise presse dans la langue populaire : que l'on songe à la malle... et à la valise !

Faire danser l'anse du panier. L'expression se disait du domestique indélicat qui arrondissait sa cagnotte en majorant le prix des achats effectués pour son patron.

Faire le panier à deux anses. Deux significations envisageables : se promener avec une personne à chaque bras, ou encore — c'était plutôt là le sens de l'expression dans la langue classique — mettre les poings sur les hanches, dans une attitude de défi ou de colère.

Couvrez le panier que le maquereau ne s'évente. C'était là une invitation, pour le moins imagée, à remettre son chapeau ! Au demeurant, panier n'a pas servi, par le passé, qu'à désigner la tête. Le panier au pain, vers le milieu du XIXe siècle, renvoyait à l'estomac. Pour ce qui est, enfin, du panier aux crottes, encore appelé, non moins poétiquement, panier à vesse, faut-il vraiment vous faire un dessin ?

Panier à salade. Les raisons ne manquent pas pour justifier ce surnom donné au fourgon cellulaire. D'abord, on y est copieusement secoué ; ensuite les parois grillagées peuvent évoquer l'ustensile à claire-voie dont usent les ménagères ; enfin, les premières de ces voitures étaient, si l'on en croit Esnault, habillées d'osier !