À la fortune du mot
Il aura fallu près de quatre cents ans pour que notre vénérable dictionnaire, né en 1501, se voie surnommer dico... par des lycéens de Brest ! Mais nombre d'abréviations ont obtenu droit de cité plus vite, comme l'atteste la liste ci-dessous...
Pneu. Le plus expéditif de tous, puisqu'il a évincé pneumatique dès sa création, en 1891. Voilà ce qui s'appelle mettre la gomme !
Cinéma. Celui-là aussi a crevé l'écran, en ne mettant qu'un an à supplanter cinématographe... avant de subir, juste retour des choses, la concurrence de ciné !
Auto. Sait-on toujours que l'on a d'abord dit un auto ? En tout cas, c'est pied au plancher que le drôle a doublé l'automobile : cinq ans auront suffi...
Piano. Il ne lui aura guère fallu que huit ans pour mettre le piano-forte (ainsi appelé parce qu'à la différence du clavecin il permettait de jouer à volonté doucement ou fort) sur la... touche !
Métro. L'abréviation avait le ticket avec les Parisiens avant même la mise en service dudit métropolitain. Ce dernier mot n'en existait pas moins depuis dix-sept ans.
Micro. Microphone a résisté trente-sept ans, de 1878 à 1915, avant de perdre le fil.
Vélo. Soixante ans auront été nécessaires pour que la roue tourne et que vélo soit bien en selle. C'est que le vélocipède, d'abord ramené à véloce, tenait la route !
Bac. Preuve de son ancien prestige ? Le baccalauréat n'est devenu bac que deux siècles après sa création. Bachot s'était imposé vingt-cinq ans plus tôt, en 1856.
Prof. Si l'abréviation date de 1890, professeur remonte à 1337 ! Depuis lors, on s'est amplement rattrapé...
Fac. Sans doute le record : près de sept cents ans se sont écoulés entre la création du mot faculté et sa version abrégée, en 1920.