God save Matignon
À en croire notre confrère Le Monde, la chanteuse Lorie n'est pas vraiment ravie que sa « positive attitude » soit mise, depuis peu, à toutes les sauces gouvernementales. Lors de l'arbre de Noël de Matignon, elle n'avait d'abord voulu voir que de la courtoisie dans les compliments qu'était venu lui faire, en personne, Jean-Pierre Raffarin. « Un supertitre », s'était-il enthousiasmé, ajoutant même que « ce serait un très bon slogan ». Aussitôt dit, aussitôt récupéré, et avec toutes ses variantes puisque dans la foulée c'est la « négative attitude » des syndicats qui allait se faire brocarder par un Premier ministre peu soucieux, en l'espèce, d'être convaincu de plagiat ! À y bien regarder, pourtant, on ne voit guère ce que ce « slogan » recèle de révolutionnaire — l'incitation à « positiver » ne date pas d'hier —, encore moins ce que la formule aurait de stylistiquement innovant. Il est à craindre, une fois de plus, que le seul attrait de l'expression réside dans l'antéposition — so British, isn't it ? — de l'adjectif. Celle-là même qui nous a fait nous gargariser de « public-relations » là où les « relations publiques » devenaient par trop ringardes. Celle-là ou presque qui, dans la bouche de tout commentateur sportif qui se respecte, confère un charme fou à la pourtant imprononçable « Champions' League »... alors que parler de la « Ligue des champions » vous couvre du même opprobre que celui qui, selon la pub en tout cas, osait hier avouer qu'il roulait en diesel ! On pardonnera à Lorie cette bouffée d'anglomanie, hélas courante dans le milieu qui est le sien. Mais pour un « Premier ministre de la France », comme aurait dit Fafa, tout cela nous paraît relever, pourquoi ne pas le reconnaître, d'une... snobinarde attitude !