Ne dites pas :
tu réalises ?
samedi 14 septembre 2002
On nous objectera sans doute que le mal ne date pas d'hier et qu'il pourrait bien, en l'occurrence, y avoir prescription. Les puristes n'en continuent pas moins, avec une pathétique obstination, à dénoncer cette impropriété des plus gratuites. Reconnaissons avec eux que nos verbes saisir, comprendre, se rendre compte étaient tout à fait à la hauteur de leur tâche, et que nous n'avions nul besoin de détourner notre réaliser de ses sens véritables (accomplir, créer, exécuter, au besoin vendre) pour l'aligner sur celui de l'anglais to realize. Il est vrai qu'il ne s'agit malheureusement pas là d'un cas d'espèce et que bon nombre de nos verbes — générer, initier, réhabiliter, pour ne citer que ceux-là — ont connu le même sort. Est-ce une raison, cela dit, pour s'en accommoder ?