Ne dites pas :
faut-il encore réussir !
samedi 30 mars 2002
Longtemps contenue dans l'étroit périmètre du terrain de rugby — combien de fois n'avons-nous pas entendu le consultant Albaladejo se lamenter : « Faudrait-il encore avoir des ballons ! » —, cette tournure des moins orthodoxes a fini par s'introduire dans la mêlée politique. C'est ainsi que François Hollande en a usé par deux fois dans une récente déclaration faite à Europe 1. Dénonçons-en sans tarder l'ambiguïté. L'inversion du sujet n'est ici recevable que dans la mesure où elle suit l'adverbe encore. Si elle doit le précéder, au contraire, le risque est grand que l'on croie avoir affaire à une construction interrogative. Pour que le tour traduise, comme cela s'impose, une restriction, encore doit, et impérativement, retrouver sa place en tête de phrase. « Encore faut-il réussir ! » est autrement correct... et surtout moins équivoque.