Quand la diplomatie se montre
de moins en moins diplomate...

< dimanche 15 septembre 2019 >
Chronique

À entendre traiter le chef de l'État de « produit de laboratoire » (Salvini), voire de personnage « stupide » (Trump) ou de « crétin » (Bolsonaro), on se demanderait si la diplomatie internationale mérite encore son nom.

Et que dire de ces allusions pour le moins désobligeantes à l'âge et au physique de Brigitte Macron, lesquelles ont scandalisé nombre de Brésiliens eux-mêmes, qu'avait mis mal à l'aise l'indélicatesse de leur président ? Naguère, si les désaccords n'étaient pas forcément moindres, tant s'en faut, force est d'avouer que les choses se disaient avec un peu plus de classe, et sans verser ainsi, officiellement du moins, dans les arguments ad hominem — pardon aux champions de l'écriture inclusive, ad mulierem !

Pour autant, n'attendons pas de réel secours de l'étymologie. La diplomatie n'a jamais obligé à être diplomate, au sens où on l'entend souvent aujourd'hui, c'est-à-dire à faire preuve de tact. Cette acception-là ne fait pas partie du patrimoine génétique du mot, elle n'est qu'une signification adventice, qui relève plus de l'observation empirique du comportement des intéressés, souvent contraints d'arrondir les angles par souci d'efficacité (on n'arrive à rien, c'est bien connu, en braquant son interlocuteur), que du sens propre et premier du mot. Diplomatie, en réalité, devrait tout à diplôme, lui-même « papier plié en deux », lequel s'appliquerait ici à une pièce officielle, une charte et, en l'occurrence, à un décret international. La condition de diplomate, bien avant d'exiger de l'entregent, nécessitait surtout, à l'origine, de bien connaître les traités qui engagent les différents États.

Gageons que les voix ne manqueront pas, en ces temps moins enclins aux ronds de jambe qu'au franc-parler, pour remarquer que le tact susdit participait davantage du calcul, de la ruse, et même de l'hypocrisie que de la sincérité. Il faudrait d'ailleurs être bien naïf pour le nier. Cela dit, on sera tout aussi fondé à constater que, dans un univers voué, bon gré mal gré, à la mondialisation, la politesse et un minimum d'élégance restent requis pour que l'on parvienne à vivre ensemble.

N'oublions pas de quelle piteuse façon Alceste, le misanthrope de Molière, a fini, pour avoir voulu — sans aucune arrière-pensée, lui — se montrer sincère en toute chose et ne lâcher aucun mot qui ne sorte du cœur...