L'enseignement en France :
le lycéen de ville
et le lycéen des champs ?

< dimanche 12 novembre 2017 >
Chronique

C'était dans L'Info du vrai d'Yves Calvi, ce jeudi sur Canal +. À l'occasion d'un micro-trottoir, on venait tout juste d'entendre des jeunes dire ce qu'ils savaient du général de Gaulle et de la trace qu'il avait laissée dans nos institutions...

Certes, on eut droit à quelques perles, comme celle qui consistait à affirmer que le grand homme avait permis à la France de gagner la guerre d'Algérie ! Mais, pour le reste, force est d'avouer que l'on fut favorablement impressionné et les invités, peut-être parce qu'ils s'attendaient au pire, n'ont pas boudé leur plaisir.

Pourquoi a-t-il fallu qu'une journaliste de L'Express vînt saper l'euphorie ambiante en nuançant : « Oui, c'était plutôt une agréable surprise... Alors bon, après, ce sont des lycéens parisiens, on voyait un petit peu le décor derrière... »

Parce que ceux de province sentent le pâté plutôt que la culture générale ?

Nous accusera-t-on d'avoir l'esprit mal tourné si nous prolongeons ainsi la pensée profonde de l'intéressée : « On aurait interrogé des lycéens de province, le résultat eût peut-être été différent... » ?

Il nous a semblé qu'un ange passait alors autour de la table, mais sans doute avons-nous pris nos désirs pour des réalités. Quoi qu'il en soit, personne n'a pipé.

Si l'écriture inclusive constitue, à nos yeux, un remède pire que le mal, nous n'irons pas nier qu'il ait existé, dans notre lexique comme dans notre syntaxe, une tendance à refuser à la femme la place qui lui revenait de droit. Cela dit, cette discrimination est-elle la seule qu'il faille clouer au pilori ? Nous paraît tout aussi tenace le préjugé voulant qu'en France il y ait une élite parisienne et que, tout autour, on fasse ce qu'on peut, avec les moyens... des bords !

Il ne saurait être question de stigmatiser une maladresse d'expression : qui ne guette-t-elle pas sur un plateau de télévision ? Ce que nous craignons, en revanche, c'est qu'elle trahisse le sentiment d'un microcosme parisien pour lequel la province reste, au moins de façon subliminale, à l'écart de la civilisation. Songe-t-on pour cela à rayer des tablettes du Petit Larousse cette acception du mot provincial : « qui n'a pas l'aisance que l'on prête aux habitants de la capitale » ?

Il y aurait pourtant, là aussi, matière à dire et à faire, ne fût-ce que pour éviter qu'un complexe d'infériorité ne vienne frapper tous ceux qui n'ont pas eu la chance de voir le jour dans le Quartier latin !