« Fête des mères » ou « des Mères » :
le bonheur est dans... l'à-peu-près !

< dimanche 28 mai 2017 >
Chronique

Faut-il deux majuscules ou une seule ? Et, dans ce dernier cas, où ? Un flou qui n'a pas grand-chose d'artistique pesant de toute évidence sur le sujet, c'est le jour ou jamais de tenter d'y voir plus clair...

Une bonne nouvelle pour commencer : il ne se trouve quasiment personne pour prôner la majuscule à fête... sauf si, bien sûr, ce mot inaugure la phrase, comme dans le titre ci-dessus ! Ça n'a l'air de rien, mais pour qui sait qu'elle est de règle pour Salon (de l'automobile suivant Larousse, de l'Automobile selon Robert), c'est un premier soulagement...

Aussi bien, les mères suffisent en l'occurrence à notre angoisse ! Certes, la majuscule aurait plutôt la cote cette fois. Si, en effet, la maison Larousse a sur la question ce que Jean-Luc Mélenchon appellerait probablement des pudeurs de gazelle (pas un mot dans le Petit Larousse ni dans le Dictionnaire des difficultés de la langue française d'Adolphe Thomas, issu de la même écurie), le Petit Robert, à l'entrée FÊTE comme à l'entrée MÈRE, propose invariablement « fête des Mères ». Et n'allez pas imprudemment décréter qu'une telle cohérence est bien le moins que l'on soit en droit d'attendre d'un dictionnaire : les consommateurs assidus savent depuis longtemps que c'est loin d'être toujours le cas, notamment chez Robert !

Chaud partisan, encore, de la majuscule à mère, le très respecté Jean Girodet (Dictionnaire des pièges et difficultés de la langue française, aux éditions Bordas). Sans oublier, sur la Toile, la Banque de dépannage linguistique de l'Office québécois de la langue française, laquelle va jusqu'à trouver la chose conforme à la logique : « Lorsque le nom comporte plusieurs mots, y lit-on, la règle générale est de mettre une majuscule au nom spécifique (celui qui vient préciser la fête dont il s’agit), ainsi qu’une minuscule au nom générique (par exemple, fête, jour). »

Las ! c'est à un tout autre son de cloche que nous avons droit chez Hanse et Blampain (Dictionnaire des difficultés du français, aux éditions Duculot). Quant aux vénérables Dictionnaire de l'Académie française et Trésor de la langue française, ils ne connaissent visiblement, eux aussi, que la « fête des mères ».

Mais peu nous chaut, en fin de compte ! L'important n'est-il pas que lesdites mères, aujourd'hui et tous les jours que Dieu fait, soient grandes dans nos cœurs ?