Nos ancêtres les Gaulois :
qu'en est-il sur le terrain linguistique ?
Que doit au juste la langue française aux irréductibles braillards du « petit village gaulois que nous connaissons bien » ? À dire vrai, et si l'on en croit l'avisée linguiste Henriette Walter, assez peu de chose...
Dans son excellent ouvrage L'Aventure des mots français venus d'ailleurs, elle évalue en effet la part celte et plus particulièrement gauloise de notre lexique à quelques dizaines de vocables tout au plus. Voilà qui ne pèse guère, on en conviendra, en regard de certaines influences ultérieures !
Il est quand même quelques secteurs où les choses auront tourné rond pour les contemporains d'Astérix, de tout temps réputés excellents charrons : celui des véhicules à roues. On leur doit la carriole, le carrosse, la charrue et surtout un char que l'authentique descendant du Gaulois, grande gueule s'il en fut jamais, a, on le sait, toujours eu un peu de mal à arrêter...
Autre domaine qui flattera nos ego de mâles volontiers surdimensionnés : si la baguette est italienne (tout fout le camp, ma bonne dame !), la braguette, du moins, reste gauloise. Voilà qui, quand il sera question d'élire, comme chaque année durant la période estivale, les meilleurs amants du monde, ne nous incitera certes pas à la fermer. Contribuera également, n'en doutons pas, à faire mousser l'orgueil national la cervoise, quand bien même la bière, néerlandaise celle-là, l'aurait depuis lors et pour ainsi dire enterrée.
Il faudrait encore animer le décor avec des arbres (le chêne, l'if et, ce qui étonnera davantage des étrangers prompts à envier notre modèle social et nos trente-cinq heures, le bouleau), quatre ou cinq poissons (brochet, tanche, lotte et autres objets contondants bien connus en vente chez Ordralfabétix et Iélosubmarine), voire quelques animaux (bouc, blaireau) qui ne feront pas grand-chose, il faut le reconnaître, pour améliorer notre image. On ne sait pourtant s'il convient ici de recenser comme pur produit gaulois, un tantinet mâtiné de provençal malgré tout, le verbe gaspiller : gageons que d'aucuns auraient tôt fait d'en profiter pour fustiger, par les temps de morosité économique qui courent, notre propension bien connue à la dépense...
Bref, chacun l'aura compris, le gaulois, au sein de notre lexique, est un peu à l'image de cette alouette qu'il nous aura léguée : il s'est largement fait plumer !