Ce qui se retient bien
ne s'énonce pas toujours clairement !
Combien sont-ils à être « passés chez Sosh », sans toujours savoir de quoi il retournait au juste ? Une phrase imprononçable est à l'origine de ce miracle. Ça s'appelle un virelangue, et c'est vieux comme le monde...
Curieusement, pourtant, les dictionnaires ne se bousculent pas au portillon pour définir la chose. Le Petit Larousse est bien le seul à parler d'un « groupe de mots difficiles à articuler, assemblés dans un but ludique ou pour servir d'exercice d'élocution ». Petit Robert, Trésor de la langue française et Dictionnaire de l'Académie sont, pour leur part, aux abonnés absents. Étonnant quand on songe aux vocables qui, chaque année, entrent par charretées, et pour bien moins que ça, dans les nomenclatures...
Il ne saurait être question de recenser ici toutes les trouvailles en la matière, d'autant que, sur le terrain accidenté de l'élocution, chacun a ses bêtes noires. Mais force est de reconnaître qu'au panthéon des virelangues hexagonaux trône le tri de la sifflante et de la chuintante : slalomer entre le « s » et le « ch » est décidément une drôle de chanson, et pas seulement pour l'Auvergnat !
Outre le slogan auquel nous faisions allusion plus haut, qui ne se rappelle les chemises de l'archiduchesse, sèches voire archisèches ? Ce chasseur sachant chasser sans son chien ? Qui ne s'est un jour demandé, d'un ton où la gravité le disputait à l'incrédulité : « Suis-je chez ce cher Serge ? » Qui pourra résister, en lisant cette page, à la tentation de s'essayer au moins connu mais autrement littéraire « Don Quichotte chut et Sancho Pança pencha » ?
En l'espèce, les défis les plus courts sont souvent les pires : répéter plusieurs fois de suite et très vite « panier, piano » relève de la gageure. Quant à commencer une phrase par « Je veux et j'exige », mieux vaut, au préalable, s'y entraîner longuement si l'on ne veut pas provoquer un fou rire général !
Ce qui est nouveau, c'est l'utilisation du virelangue à des fins publicitaires : inciter le consommateur, comme le fait donc l'opérateur Sosh, à répéter jusqu'à plus soif le slogan de la marque, n'est-ce pas particulièrement astucieux ? Et tant pis pour tous ceux qui trouveraient le procédé un tantinet... téléphoné !