Ces fichus drones pourraient bien finir
par nous coller le bourdon !

< dimanche 9 novembre 2014 >
Chronique

« À qui sont ces drones qui sifflent sur nos têtes nucléaires ? », s'émeut finement la Toile. On se gardera d'avancer là-dessus la moindre hypothèse. Sur le « drone » lui-même, en revanche, il y aurait plus d'une chose à dire...

Rappelons d'abord que, ces drones étant la plupart du temps télécommandés (inutile d'ajouter « à distance », à moins que l'on ne tienne à arroser l'arbre aux pléonasmes), ce n'est pas à eux qu'il convient de faire porter le chapeau : il n'y a pas plus d'accent circonflexe sur leur « o » que sur celui du « clone », en dépit de ce que l'on est amené à lire ici ou là...

Un accent circonflexe que les origines anglo-saxonnes du mot rendraient, d'ailleurs, d'autant plus incongru. Ce dernier nous vient en effet d'outre-Manche, où il représente le mâle de l'abeille, autrement dit le « faux bourdon ». La tradition, maintenue par Larousse et Robert mais de moins en moins respectée hors de leurs colonnes, veut qu'on ne mette pas de trait d'union à ce dernier, pour le distinguer du procédé d'écriture musicale qui, lui, y a droit (faux-bourdon). Il semblerait que ce soit au vol lent, lourd et bruyant des premiers appareils — plus lent, plus lourd et plus bruyant que celui de l'abeille, en tout cas — que le drone doive son nom.

Le piquant de la chose, c'est que ce faux bourdon est en passe d'en valoir un vrai à nos autorités compétentes, lesquelles aimeraient comprendre — et si possible dard-dard (désolé !) —, ce que viennent fabriquer ces drôles d'insectes au-dessus de nos centrales. Mais rien ne dit que ce bourdon-là ait encore quelque chose à voir avec l'hyménoptère dont nous parlions. Certes, le rapprochement avec le synonyme cafard pourrait le laisser croire, comme le fait que des bourdonnements dans la tête ne prédisposent pas, en règle générale, à la sérénité. Il n'est pas impossible non plus, cela dit, que la locution doive beaucoup à cette grosse cloche, de sonorité grave, préposée à l'annonce d'événements tragiques bien faits, eux, pour susciter une franche morosité...

Une chose est presque sûre, quoi qu'il en soit : le bourdon typographique, qui s'applique à l'oubli d'un mot ou d'un groupe de mots (voire, dans les cas extrêmes, d'une phrase entière !), n'est pas en cause. S'il fallait en effet que pareille bévue fût à l'origine de déprimes sévères et prolongées, on ne compterait plus les suicides dans le milieu...