Bacheliers d'hier et d'aujourd'hui...
Pour cent bacs, t'as plus rien !
« À quoi rêvent les jeunes filles ? », se demandait Musset. À son époque, allez savoir ! Mais en ces premiers jours de juillet, cela tient du secret de Polichinelle : les jouvencelles d'aujourd'hui, et avec elles leurs jouvenceaux, ne pensent qu'à devenir bacheliers. Faut-il que le titre soit prestigieux pour hanter ainsi les nuits d'une jeunesse dont on déplore trop souvent l'insouciance ! Pourtant, ledit titre n'a pas toujours été glorieux, l'étymologie l'atteste... Certes, lorsqu'il fait son apparition dans le français féodal, le terme est plutôt flatteur : désignant un aspirant chevalier, il connote à la fois noblesse et jeunesse (cette dernière toujours perceptible, d'ailleurs — et quand bien même il y aurait de « vieux » garçons ! —, dans l'anglais bachelor, homme célibataire). Force est néanmoins d'avouer que les origines du mot sont moins reluisantes... Le latin baccalarius aurait d'abord désigné un serf, un paysan dépourvu de terre, quand il ne s'agissait pas purement et simplement, en Catalogne par exemple, d'un homme aux mœurs grossières. Histoire de nous bourrer le... moût un peu plus, Pierre Guiraud en fait même un domestique de la baccalaria, ce domaine agricole qui faisait surtout (Bacchus oblige !) dans le vin... De là, peut-être, la tendance des bacheliers de l'ère moderne à « arroser ça » ?
On le voit, en tout cas : avant de s'appliquer, au XIVe siècle, au titulaire du premier grade universitaire, ce qui est encore le cas aujourd'hui ; avant que le baccalarius ne se mue en baccalaureus, avec tout ce que cela suppose de lauriers, la condition de bachelier n'était pas précisément une sinécure. Mais en va-t-il autrement de nos jours ? S'il n'a plus grand-chose du preux chevalier, le bachelier actuel sait, mieux que quiconque, que le chemin est long jusqu'à l'adoubement, et qu'il lui faudra déjà, comme son lointain ancêtre, se mettre en selle... pour trouver une fac !