Magouilles, corruption, pudibonderie...
À vous dégoûter de rouler un patin !
Aurait-on conscience de s'aventurer là sur un terrain glissant, il faudrait se moquer du tiers comme de la carre pour rester de glace devant le psychodrame qui vient de secouer notre patinage artistique. Non que nous aient à proprement parler bouleversé les révélations sur les collusions, pressions et autres irrégularités qui pollueraient cette noble discipline : le moins que l'on puisse deviner, c'est que la chose n'est pas nouvelle... et qu'elle ne s'arrête pas — Star Academy, élection de Miss France et même Goncourt sont là pour en témoigner — au portillon de la patinoire ! Et puis, dès lors que Marie-George Buffet, reconvertie pour la circonstance en garde des sauts, a promis de faire toute la lumière sur cette affaire, on peut légitimement être rassuré. Autrement inédite, en revanche, nous est apparue la mise en garde adressée aux couples avant même qu'ils ne s'élancent sur la piste : toute figure jugée par trop « suggestive » leur coûterait désormais un dixième de point ! Il est trop tôt pour établir d'éventuels rapprochements avec le « politiquement correct » qui, nul ne l'ignore plus, fait rage outre-Atlantique ; plus encore pour déterminer si cet accès de pruderie doit quelque chose au puritanisme mormon. Toujours est-il que ce prurit vertueux n'a pas fait l'unanimité chez les usagers. Quand elle serait quelquefois le théâtre de décisions... surnaturelles, la patinoire n'a rien d'une église, a eu beau jeu de faire valoir, si l'on ose dire en chœur, le duo italien. Quant à Marina Anissina, elle a clairement laissé entendre que tout cela lui faisait une belle jambe et qu'elle ne se priverait pas de la lever bien haut pour peu que sa chorégraphie l'exige. Loin de nous, évidemment, l'intention de pousser au stupre, mais force est de reconnaître, en français du moins, que l'étymologie donne raison aux susdits : couple, qui dérive du latin copula, « lien, chaîne », est de la même famille que... copuler. N'en déplaise aux pères la pudeur, un couple soucieux de justifier son statut devra briser la glace et... se coller de près. Sans doute le CIO préférerait-il se réclamer de l'autre acception, moins torride, du mot couple : « ensemble de deux choses, de deux animaux de même espèce réunis accidentellement ». Hélas pour lui, ce sens-là s'est depuis longtemps... fait la paire !