Les Jeux olympiques prennent un coup de jaune

L'O.P.A. de Pékin

< mardi 17 juillet 2001 >
Chronique

Il n'y aura donc pas eu d'effet Zizou : comme l'on ne s'y attendait que trop, c'est Pékin qui hébergera la flamme olympique en 2008. Pas question de chinoiser, au demeurant, ni de se taper la tête contre la Grande Muraille : à Lille, nous sommes payés pour savoir que l'on ne gagne pas à tous les coups ! Se trouvera-t-il, du reste, un démocrate pour regretter qu'à la course de chars de la place Tian'anmen succèdent ces Jeux autrement pacifiques ? Il n'est pas même sûr que la langue française y perde : si l'on en croit le sénateur Jacques Legendre, lequel se fonde sur « une lettre d'informations considérée par la communauté financière et le monde des affaires comme généralement bien informée », Claude Bébéar, président du comité de candidature Paris 2008, aurait souhaité, il y a peu, imposer la pratique du tout-anglais dans les réunions de travail dudit comité ! Interloqué, l'ancien maire de Cambrai — qui est aussi secrétaire général de l'Assemblée parlementaire de la francophonie — s'est empressé, le 17 mai, de demander à Mme le (sic) ministre de la Jeunesse et des Sports ce qu'elle pensait « d'une telle intention du responsable de la candidature de Paris aux Jeux olympiques, alors que la France se bat par ailleurs pour faire respecter la place et l'usage du français dans les Jeux, comme c'est la règle depuis Pierre de Coubertin ». Et notre parlementaire de s'interroger : « Le Gouvernement aurait-il renoncé à cette louable exigence ? Ou bien le président du comité oublierait-il ces devoirs au point de donner à nos amis francophones le signal du renoncement ? » Un renoncement d'autant plus inopportun que, pour la première fois depuis bien longtemps, on enregistre des conversions chez les anglomanes. Celle de Louis Schweitzer, P.-D.G. de Renault élu « carpette anglaise » en 1999, n'est pas la moins spectaculaire : ne vient-il pas de déclarer que le choix de l'anglais comme langue de l'alliance Renault-Nissan « s'est avéré un handicap avec un rendement réduit de part et d'autre » ? Alors Pékin pour faire respecter le statut, jusque-là dévolu au français, de langue officielle de l'olympisme, pourquoi pas ? Ce ne serait pas la première fois que l'on passerait par New York pour obtenir le 22 à Asnières !