Du nouveau pour les profs de Lang

L'après-rentrée

< mardi 5 septembre 2000 >
Chronique

Il est encore trop tôt pour dire si Jack Lang, ministre de l'Éducation nationale pour la deuxième fois, modifiera en profondeur le paysage enseignant. Ce qui est sûr, c'est qu'il a déjà marqué son territoire dans le domaine linguistique. En reportant de trois jours la rentrée des professeurs telle que l'avait fixée son prédécesseur Claude Allègre mais en signifiant aussitôt — parce que, sans blague, les largesses ont leurs limites — que la journée et demie perdue devrait être « rattrapée » au cours du trimestre à venir, il a, mine de rien, fait œuvre novatrice : c'est en effet la première fois qu'une prérentrée, censée, des plus logiquement, préparer la rentrée des élèves, se sera effectuée pour l'essentiel... après celle-ci. Le ministère n'a pas précisé si le nouveau dispositif ferait jurisprudence (ne s'agit-il pas en réalité, soufflent les mauvaises langues, de rentabiliser des journées par trop consacrées, jusqu'ici, au compte rendu des vacances d'été ?) ; ni si, à l'avenir, et en accord avec l'Académie, le terme de postrentrée était appelé à s'imposer. Voilà qui nous permet en tout cas de souligner qu'en matière de préfixes notre langue est de plus en plus friande de soudure. Quand l'usager ne s'en aviserait pas toujours, il y a belle lurette que, tout comme prérentrée, coauteur, infrarouge, néonazi et ultraviolet s'écrivent en un seul mot. La tendance va même s'accentuant, notamment sous l'impulsion d'un Robert qui tolère désormais aéroclub et cyclocross, voire préconise bronchopneumonie, cumulonimbus et socioéconomique. Larousse, qui, dans tous ces cas, demeure fidèle au nom composé, ne suit le mouvement qu'à dose homéopathique, comme en témoigne... oligoélément. Mais les îlots de résistance se font de plus en plus rares, et le trait d'union ne se rencontre plus guère qu'entre deux noms de peuples (franco-italien), de religions (judéo-chrétien), ou quand sa suppression risquerait d'affecter la prononciation (extra-utérin, micro-informatique). Quant à technico-commercial, nul doute qu'il ne s'agisse d'éviter ce coco... à la noix !