Accord du participe passé :
règles générales

Est-ce parce que l’accord du participe passé a de tout temps constitué, à tort ou à raison, l’épouvantail n° 1 des Français ? Toujours est-il que le doute n’est plus permis au terme de ce micro-trottoir : nos compatriotes, dans leur immense majorité, ont entendu parler des règles principales et, qui plus est, ils ne s’en souviennent pas trop mal ! Hélas, ce n’est pas pour autant que, dans leur vie de tous les jours, ils les appliquent avec régularité... Mais gardons-nous d’anticiper et profitons bien plutôt de la scène qui va suivre pour nous offrir une rapide révision...

 

Vous l’avez compris : en matière d’accord de participe passé, les ennuis viennent surtout de l’auxiliaire avoir. On a beau connaître cet aspect de la règle qui remonte au XVIe siècle et au poète Clément Marot, lequel en fut l’instigateur ; on a beau le réciter doctement, s’en draper au besoin comme d’un étendard qui saluerait notre degré de culture ; cela n’empêche pas que, de plus en plus fréquemment, l’on oublie d’accorder ledit participe passé avec le complément d’objet direct qui le précède. Le phénomène, au demeurant, n’est pas vraiment nouveau puisqu’au XVIIe siècle déjà, le grammairien Vaugelas remarquait : « En toute la grammaire française, il n’y a rien de plus important, ni de plus ignoré. » Mais la situation ne va pas s’améliorant et il suffit de prêter l’oreille à ce qui se dit, quotidiennement, à la radio ou à la télévision pour percevoir çà et là des invariabilités peu orthodoxes : « les promesses que le président a fait », « les choses qu’il a dit », « la situation que l’on a décrit », etc. À la réflexion, pourtant, cette règle, quand elle serait aujourd’hui critiquée par des linguistes plus soucieux de simplifier que d’enseigner, n’est pas dénuée de logique : si, au moment d’écrire le participe, je sais de quoi il s’agit, autrement dit si je connais le complément d’objet direct, eh bien j’en tiens compte pour l’accord. Dans le cas contraire, soit que le c.o.d. suive le participe, soit qu’il n’y ait pas de c.o.d. (dans le cas d’un verbe intransitif, par exemple), je laisse le participe invariable. « Passablement artificiel », pour reprendre les propos mêmes d’André Goosse, le continuateur de Grevisse ? peut-être... Compliqué ? sûrement pas. Mais il importe, c’est vrai, d’être attentif. Et qui prétendrait que notre langue ne mérite pas... quelque attention ?

 

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